Comprendre le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK)
Le SOPK est un des motifs de consultations que je rencontre le plus souvent. Suite à un sondage fait sur mon Instagram, de nombreuses femmes m’ont écrit avec des témoignages bouleversants. Le SOPK est la pathologie endocrinienne la plus fréquente chez les femmes. J’ai donc décidé d’écrire un article plus complet sur le syndrome des ovaires polykystiques.

Le SOPK (syndrome des ovaires polykystiques), qu’est-ce que c’est ?
Le SOPK est une pathologie endocrinienne qui a été décrite en 1935 par Stein et Leventhal. Le terme polykystique est en réalité maladroit car il ne s’agit pas de kystes ovariens mais de follicules ovariens qui n’ont pas terminé leurs croissances. Les follicules sont des cavités de l’ovaire dans lesquelles se développent les ovules. Lors de l’ovulation, un des follicule qui a atteint sa maturité, se rompt et libère l’ovule qui pourra éventuellement être fécondé. Apres l’ovulation, le follicule se dégénère et devient « le corps jaune ». > En savoir plus sur les follicules ovariens
Dans le cas du SOPK, il y a une accumulation de follicules immatures dans l’ovaire qui empêche l’ovulation. C’est la raison pour laquelle, de nombreuses femmes souffrant du SOPK ont peu ou pas de règles et des difficultés à concevoir.
Le SOPK touche environ 10% des femmes (en France et en Belgique) et parmi ces femmes, 75% souffrent d’infertilité.
Les symptômes
Les symptômes sont nombreux. Parmi les plus fréquents on retrouve : un cycle irrégulier, parfois une absence totale de règles, une baisse de la libido, des difficultés à concevoir, l’acné, l’hirsutisme, l’alopécie, des douleurs pelviennes, une prise de poids ou une perte de poids soudaine, troubles du comportement alimentaire, une fatigue, chronique, insomnies, apnée du sommeil, phases dépressives…
Le diagnostic
Après avoir discuté avec le médecin et/ou gynécologue, deux examens sont prescrits :
- Une échographie pelvienne. Le professionnel qui se charge de cette échographie doit absolument expliquer l’examen et dire en quoi il consiste. L’échographie pelvienne peut se faire de manière externe ou interne. Si c’est une échographie interne, celle -ci doit se faire avec le consentement de la femme après des explications claires et précise de la part du professionnel.
- Un dosage hormonal pour mesurer les taux de testostérone, LH, FSH, œstradiol, 17 hydroxyprogestérone, delta 4 androstenedione et des HCG. Un bilan glycémique est aussi nécessaire.
Une femme est diagnostiquée comme atteinte du SOPK si elle présente deux des critères suivants :
- Présence dans un des ovaires (ou les deux) de plus de 12 follicules mesurant 2 à 9 mm de diamètre.
- Volume de l’ovaire ou des ovaires de plus de 10 mL sans présence de follicule ou de kystes.
- Une ovulation irrégulière ou totalement absente. D’après les critères de Rotterdam, un cycle de moins de 21 jours ou supérieur à 35 jours est considéré comme anovulatoire.
- Une hyperandrogénie (un taux élevé d’androgènes). Celle – ci peut être clinique (avec les symptômes comme l’hirsutisme, l’acné, alopécie) ou biologique.
Le diagnostic est souvent long et 50 % des femmes ayant le SOPK ne sont pas diagnostiquées ou pas prises en charge. La prise en charge commence souvent quand les femmes souhaitent concevoir. Ceci est un réel problème car en agissant comme cela, on considère la santé des femmes comme importante uniquement lorsqu’elles souhaitent avoir un enfant. Une adolescente ayant le SOPK devra donc attendre de vouloir un enfant pour être enfin prise en charge ? Et pour celles qui ne souhaitent pas enfanter ? Il y a un réel problème avec le diagnostic du SOPK. D’une part parce que c’est une pathologie qui n’est pas encore totalement comprise (d’un point de vue des recherches scientifiques), d’autre part, il y a un réel manque de volonté et de compréhension de la part d’une bonne partie du corps médical.
A savoir, une hypothyroïdie peut mimer un SOPK, il est donc important d’écarter cette éventualité avec votre médecin.
Les causes
A ce jour, les causes du SOPK ne sont pas totalement connues. Ce que l’on sait, c’est que l’hyperandrogénie d’origine ovarienne est une des premières causes du SOPK.
Le SOPK est multi causal. En effet, il peut être causé par des facteurs :
- Génétiques : certains gènes impliqués dans la synthèse des androgènes sont surexprimés
- Epigénétiques : les antécédents familiaux augmenteraient le risque d’avoir le SOPK
- Environnementaux : l’hygiène de vie, le stress, l’exposition aux perturbateurs endocriniens
Les conséquences
Les causes du SOPK sont souvent confondues avec des facteurs aggravants. Par exemple, la résistance à l’insuline est de plus en plus mise en évidence dans le SOPK. Il est vrai que les femmes souffrant de cette pathologie présentent une résistance à l’insuline et se retrouvent avec un surpoids soudain. Aussi, le taux de LH élevé (l’hormone de « l’ovulation ») est pointé du doigt comme étant la cause du SOPK. En effet, les dosages hormonaux mettent souvent en évidence une LH élevée.
Mais tous ces phénomènes sont en réalité des facteurs aggravants du SOPK qui découlent de cette hyperandrogénie. Freiner ces facteurs peut aider dans la prise en charge et soulager certains symptômes. Mais cela ne règlera pas la cause du SOPK qui est multifactoriels.
Les solutions connues
Traitements hormonaux
Aujourd’hui, le premier traitement que l’on donne aux femmes atteintes du SOPK est un traitement hormonal. Cela peut être un anneau vaginal ou un patch mais dans la majorité des cas, la pilule contraceptive est prescrite. Pourquoi prescrire une pilule aux femmes atteintes de SOPK ?
- Retrouver des règles régulières
- Diminuer l’hyperandrogénie
- Mettre au repos les ovaires
Les effets secondaires de la pilule oestro – progestative sont nombreux et peuvent être dangereux lorsqu’ils sont pris à long terme : baisse de la libido, migraines à répétitions, fatigue chroniques mais aussi des accidents thrombo – emboliques, cancer du sein, du foie, des voies biliaires et du col de l’utérus.
Traitement contre l’androgénie
Ces traitements vont cibler l’hyperandrogénie et vont permettre de diminuer les taux d’androgènes.
- Androcur : souvent prescrit contre l’hirsutisme présentent des risques de méningiomes
Traitement contre l’hyperinsulémie
- Le Metformine est souvent prescrit pour améliorer la sensibilité des cellules à l’insuline et donc aider à la perte de poids. Il diminue l’hyperinsulémie de manière significative seulement chez les femmes non obeses et associé à une bonne hygiène alimentaire. La metformine présente des effets secondaires surtout sur le plan gastro – intestinal, une carence en B12 et à long terme des risques d’ostéoporose.
Il est contre indiqué en cas de dysfonctionnement rénal et de maladie hépatique.
Traitements pour augmenter les chances de grossesses
- Citrate de Clomifène : Il favorise la maturation complète du follicule et stimule donc l’ovulation. Il augmente néanmoins le taux de grossesses extra utérines et les fausses couches spontanées. Les effets secondaires connus de ce traitement sont les états dépressifs, des insomnies, des troubles digestifs, des maux de tête, étourdissements et des troubles de la vision.
- Drilling ovarien : c’est une opération chirurgicale sous anesthésie où l’on procède à une multi perforation au niveau de la coque des ovaires. Cela permet de faciliter l’expulsion des ovocytes mais aussi la destruction des nombreux petits follicules immatures.
- Injection de FSH (l’hormone responsable de la maturation des follicules) : la difficulté est de trouver la bonne posologie qui correspond et qui change pour chaque femme. Toutes les femmes ne réagissent pas de la même manière à ce traitement mais surtout, une même femme peut réagir différemment en fonction des cycles. L’injection de FSH peut être proposé sur 6 cycles. Le taux de grossesse après 6 mois de traitement est d’environ 40%. Ce type de traitement est lourd et contraignant, surtout dans la vie du couple, car il implique des rapports sexuels « sur commande ». Aussi, ce traitement présente un risque, celui de provoquer une hyperstimulation des ovaires et donc de faire arriver un trop grand de follicules à maturation.
Si ces différents traitements n‘apportent pas d’amélioration et n’ont pas abouti à une grossesse, le couple est souvent dirigé vers une procédure de PMA.
Les solutions en naturopathie
A ce jour, il n’y a pas de solutions pour guérir le SOPK. Cependant, il y a des solutions naturelles afin de diminuer les facteurs aggravants qui permettront de :
– Améliorer la régularité des cycles
– Diminuer l’acné, l’hirsutisme et l’alopécie
– Augmenter les chances de concevoir naturellement
Bien sûr, cela prend du temps. Le temps de se connaitre et de se comprendre.
En naturopathie, de nombreuses solutions existent. Voici quelques pistes si vous souhaitez aller plus loin :
– La gestion du stress
– Renforcer la santé intestinale
– Une alimentation anti inflammatoire
– Renforcer les émonctoires
– Une alimentation à index glycémique bas
– Eviter les perturbateurs endocriniens
Au fil de mon expérience, j’ai rencontré de nombreuses femmes atteintes du SOPK avec des histoires complément différentes. Je leur ai donc fourni des programmes d’hygiène vital personnalisés pour les accompagner. Des programmes différents pour chacune d’entre elles. Je ne peux donc pas vous proposer des solutions générales pour toutes dans un article. Il en va de ma responsabilité de vous conseiller au mieux et ne pas vous donner des solutions miracles non adaptées. Si vous souhaitez un accompagnement dans le cadre de cette pathologie, je vous invite à prendre rendez – vous.
J’espère que cet article a vous permis de mieux comprendre le SOPK. Si vous êtes concernées par le SOPK, n’hésitez pas à témoigner en commentaires !
https://sites.uclouvain.be/ecu-ucl/Maiter.pdf
https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/syndrome-ovaires-polykystiques-sopk
Bonjour Fatima, merci et bravo pour cet article très clair et complet sur ce sujet complexe !
Merci Maurine !
Merci beaucoup ton travail est vraiment claire et bien documenté.
Merci !
Bonjour
Ça fait un moment que j’ai consulté un gynécologue et malheureusement je suis porteuse de ce syndrome car j’ai des règles qui sont absents ça fait des mois.
Je vx tomber enceinte ? allah ichafina ya rebbi
Merci beaucoup pour cet article qui est intéressant pour bien comprendre c’est quoi ce syndrome
Salam aleyki merci pour ce travail ! Je suis porteuse de ce syndrome (je ne dirais pas que j’en souffre alhamdoulillah il a l’air minime quand je lis cet article). Par contre j’ai effectivement souffert de la prise en charge médicale… Diagnostiquée jeune (15 ans), j’avais des saignements continus depuis plusieurs mois alors que mes 1eres règles remontaient à 4ans déjà.. A cela s’ajoutait une pilosité non seulement excessive mais masculine !! (ventre poitrine cou et meme épaule.. Une horreur pour une ado.. Kheir). Ma « prise en charge » s’est faite naturellement par une gyneco qui ne m’a absolument rien expliqué et envoyé faire une echographie pour dystrophie ovarienne… Le choc de ses mots sur ce petit bout de papier… La solitude… Bref une echographie sans équivoque un ovaire énorme, le diagnostic tombe sans explication non plus.. J’ai 16 ans je ne sais pas poser de questions au corps medical et de toute façon je ne sais même pas ce qu’il faudrait demander.. On me met sous androcur et provames je ne sais plus combien de temps.. Sans surprise tout rentre dans l’ordre.. Je change de gynécologue et elle me met sous Diane.. Sans suivi poussé je la prendrais pdt 10 ans.. À mon mariage, tawakkul, j’arrête tout.. Sans consulter.. Je ne sais pas ce qu’il se passe en moi. Je ne sais pas ce que je risque. Je ne sais pas si je suis fertile. Tawakkul. 1 mois et demi après j’attend mon premier enfant.. Mon 1er enfant sur 3 aujourd’hui.. Alhamdoulillah pas de difficultés pour ça.. Les grossesses sont même des pauses dans mon syndrome (pas de saignements et pilosité réduite !) .. Apres les grossesses, retour de couches express (1mois de post partum) alors que j’allaite exclusivement et puis 1 an et demi à peu près où j’ai des cycles « classiques ». Tous les mois, saignements pendant 7 jours, pilosité normale (pour une brune haha) .. Et puis ca revient.. Les cycles se redégradent, j’ai des saignements tous les 15jours environ, ca peut durer 10 jours.. Les seules solutions qu’on a pu me proposer c’est la pilule ou le sterilet hormonal.. Donc non je passe mon chemin, je patiente, je fais avec, je n’ai pas de douleurs alhamdoulillah. Je porte mon syndrome, aujourd’hui je le connais un peu mieux et il ne me fait plus peur.. Tawakkul
BaarakAllahoufik de t’intéresser à nous <3
Bravo!
Enfin quelqu’un qui écrit que cette maladie est vraiment complexe, et que les médicaments qu’on nous propose ne sont, malheureusement, que des pansements qui ne font que masquer le problème et qui a la longue en créent d’autre!
Hâte de prendre rdv avec toi ?
Article très intéressant ! Merci pour le travail de recherche et rédactionnel de qualité !
Bonjour Samia
Merci !