Comprendre les règles et le syndrome prémenstruel

Aujourd’hui, le syndrome prémenstruel n’est pas vraiment pris au sérieux. C’est un réel problème chez plus de 40% des femmes qui ont leur règles dans le monde. Le SPM touche trop de femmes menstruées pour ne pas en parler. C’est la raison pour laquelle j’en ai fait un mémoire dans le cadre de mes études de naturopathie. La première nécessité pour moi est de comprendre nos règles et notre syndrome prémenstruel avant de chercher d’éventuelles solutions.

SPM
Les règles qu’est ce que c’est ?

Chez une femme pubère menstruée, chaque mois, l’utérus « fabrique » et développe la muqueuse utérine (qu’on appelle l’endomètre) pour se préparer à accueillir un éventuel embryon, après la fécondation. Mais en absence de fécondation, une partie de cet endomètre est éliminé et provoque un saignement qui peut durer plusieurs jours. C’est ce qu’on appelle les règles. Ce phénomène physiologique se répète chaque mois (sauf en cas de grossesse ou dans certains dysfonctionnements). C’est pour cela que l’on parle de menstruel. Dans son livre « De la médecine naturelle à la médecine de l’individu », le docteur Gérard Guéniot  présente les règles comme une façon extraordinaire de se libérer de nos toxines, il donne une grille de lecture intéressante du SPM : plus le sang des règles est chargé en toxines et plus le SPM a des risques d’être intense. Les règles nous donnent donc une idée de notre toxémie à chaque cycle.

LE SPM qu’est ce que c’est ?

Le syndrome prémenstruel c’est l’ensemble des symptômes qui apparaissent avant et pendant les règles.

Les symptômes ?

Ils sont divers et peuvent varier d’une femme à une autre. Les plus fréquents sont des douleurs pelviennes, des maux au ventre (ballonnements, diarrhée ou constipation avec poussée hémorroïdaire), des nausées et des vomissements, de la rétention d’eau, prise de poids, des manifestations congestives notamment des seins durs et sensibles, des douleurs lombaires et de l’acné. Les femmes peuvent aussi souffrir de céphalées plus ou moins intenses. Quant aux symptômes psychologiques, les femmes ressentent une fatigue intense, des difficultés à s’endormir, des sauts d’humeur et des phases de dépression (crise de larmes subites, crises d’angoisse, irritabilité augmentée).

A chaque femme son SPM

Il n’y a pas un seul type de SPM mais plusieurs. D’ailleurs, on classe ce syndrome en fonction de l’intensité des symptômes et de leurs causes :

Le SPM peut apparaître à différents moments de la vie d’une femme (pas seulement à la puberté !) :

  • Le SPM physiologique : associé à un déséquilibre hormonal naturel qui a lieu à la puberté et à la pré-ménopause. Que ce soit la jeune fille pubère ou la femme pré-ménopausée, c’est une situation physiologique normale qui a lieu. En d’autres termes, la dominance en œstrogène et l’insuffisance en progestérone induisent ce type de SPM.
  • Le SPM psychologique : dépend davantage du vécu émotionnel quotidien.
  • Le SPM provoqué par un traitement hormonal mal dosé ou inadapté. Par exemple une pilule œstre-progestative, un traitement hormonal progestatif ou un stérilet à la progestérone. Ce type de traitement peut induire une dominance en œstrogènes ou en progestérone et donc créer un déséquilibre hormonal.

L’intensité varie en fonction des femmes mais aussi des cycles chez une même femme.

  • Léger : peu de symptômes et peu gênants et qui disparaissent rapidement.
  • Sérieux : plusieurs symptômes modérés à intenses qui disparaissent au bout de 2 jours environ.
  • Sévère : présence de la majorité des symptômes, handicapant et invalidant. Avant l’arrivée des règles, pendant et après.

Le Dr Guy Abraham a proposé une autre classification du SPM, cette fois en fonction des symptômes : Pour lui, il faut traiter le SPM en fonction de chaque type. Bien sûr, une femme peut avoir plusieurs types à la fois.

  • A: “Anxiété”, irritabilité, insomnies et troubles de l’humeur
  • H: “Hydratation”, gonflement et rétention d’eau
  • C: “Craving”, envie de sucre, fringales, vertiges
  • D: “Dépression”, tristesse, envie de pleurer, confusion, idées noires

Il y a donc de nombreux types de SPM, vécu différemment en fonction des femmes et des cycles.

Les causes du SPM

Dans la majorité des cas, ces symptômes sont tous liés à une hypersensibilisation aux hormones sexuelles. Une hypersensibilisation veut dire que les cellules sont plus sensibles aux messages portés par les hormones.

Cause hormonales
Œstrogènes et progestérones

Les secrétions d’hormones varient tout au long du cycle et agissent donc sur la physiologie de la femme. Le SPM apparaît particulièrement après l’ovulation : la sécrétion d’œstrogènes chute et celle des progestérones augmentent. Si aucune fécondation n’a lieu, les taux de ces deux hormones chutent et déclenchent les menstruations. Les œstrogènes et la progestérone agissent sur l’humeur par exemple mais aussi sur la rétention d’eau.

Ce qui est important de noter, c’est que ces deux hormones ont des effets antagonistes : les œstrogènes favorisent la rétention d’eau en augmentant la perméabilité des vaisseaux. Ce phénomène implique une autre hormone, l’aldostérone. C’est une hormone sécrétée par les glandes surrénales. Elle permet de retenir l’eau dans les tissus. En cas d’excès dans le sang, la rétention d’eau s’accentue et provoque certains symptômes connus du SPM comme le gonflement des seins, des troubles abdomino-pelviens ou encore l’apparition d’œdèmes.

La progestérone sécrétée après l’ovulation permet normalement de rétablir ce déséquilibre car elle a une action antagoniste à l’aldostérone et une action anti-œstrogènes. Mais dans le cas d’une sécrétion insuffisante de progestérone ou une sécrétion d’œstrogène augmentée, l’action de l’aldostérone ne peut être contrôlée et régulée.

Ainsi, un déséquilibre du rapport œstrogène / progestérone peut provoquer de nombreux symptômes du SPM.

L’excès d’œstrogène peut être dû à :

  • une insuffisance de la détox hépatique. Le foie joue un rôle fondamental dans l’élimination des œstrogènes endogènes ou exogènes. Mais quand les systèmes enzymatiques de détoxication du foie sont perturbés, il y a accumulation de substances toxiques dont des molécules œstrogéniques.
  • une compétition directe entre le cortisol et la progestérone au niveau de leurs récepteurs communs, au profit du cortisol. Dans des situations stressantes, ces récepteurs sont occupés par le cortisol et empêchent la progestérone de se fixer et d’agir.
Insuline

L’insuline est une hormone sécrétée par le pancréas et qui permet l’entrée du glucose dans les cellules. Elle permet de contrôler le taux de sucre dans le sang. Une hypoglycémie et des fringales se manifestent fréquemment avant l’arrivée des règles. Ces hypoglycémies sont liées à une sensibilité accrue des cellules à l’insuline en période prémenstruelle. Les symptômes de l’hypoglycémie sont identiques à ceux de l’épuisement des surrénales. A chaque hypoglycémie, les surrénales sont sollicitées et elles libèrent leur adrénaline face à cette situation de stress. C’est la raison pour laquelle, manger des sucreries peut rendre nerveux et irritable. Cela va épuiser les surrénales mais surtout, la production répétitive d’adrénaline va perturber l’action de la progestérone (comme expliqué ci-dessus). Pour en savoir plus sur l’insuline, lire « L’essentiel sur l’index glycémique ».

La mélatonine

La mélatonine est sécrétée par la glande pinéale à partir de la sérotonine. Elle joue un rôle sur les rythmes biologiques via l’hypothalamus (une partie du cerveau) : sommeil, activité, repos et elle dépend du rythme circadien. Sa sécrétion a lieu la nuit et est stoppée par la lumière du jour. Une baisse de mélatonine provoque des troubles du sommeil, de l’humeur et des états dépressifs. Aussi, il semblerait que l’augmentation de la température corporelle après l’ovulation retarderait le pic de sécrétion nocturne en mélatonine et un arrêt plus précoce au petit matin. Cela pourrait être une explication des troubles du sommeil pendant le SPM.

Perméabilité intestinale

La perméabilité intestinale est une atteinte de la muqueuse et de la flore intestinale. De nombreux facteurs peuvent causer cette diminution de l’étanchéité de la barrière intestinale. Des molécules étrangères passent de l’intestin vers le sang et engendrent une inflammation chronique. Le passage de ces molécules serait majoré au moment de l’ovulation et favoriserait une crise d’élimination de ces toxines en phase prémenstruelle.

Carences

Les carences en vitamines, minéraux et oligoéléments peuvent provoquer ou accentuer de nombreux symptômes du SPM, notamment une carence en magnésium et des vitamines du groupe B. D’ailleurs le rapport magnésium/calcium est souvent diminué dans le SPM. De plus, l’absorption intestinale du calcium (qui est favorisée par la vitamine D) joue un rôle dans le métabolisme des œstrogènes donc dans l’équilibre œstrogènes/progestérone.

Le magnésium et les vitamines du groupe B sont indispensables dans la synthèse de la dopamine ou la sérotonine mais aussi la synthèse des acides gras essentiels qui sont anti-inflammatoires.

Perturbateurs endocriniens

Ces composés sont malheureusement tout autour de nous : cosmétiques, produits ménagers, aliments traités et ultra-transformés, l’air pollué … Parmi ces produits, les protections hygiéniques peuvent aussi être un facteur aggravant le SPM. D’ailleurs, je vous parle de protection hygiénique plus clean dans cette article : J’ai testé la culotte menstruelle FEMPO.

Émotions

Les émotions affectent directement notre psychisme et par conséquent notre organisme. Les situations émotionnelles mal vécues perturbent le fonctionnement du système hormonal faisant lui-même intervenir le système nerveux. Les interactions entre les deux systèmes interviennent dans le SPM lorsque l’environnement émotionnel est perturbé. L’influence des émotions peut donc expliquer pourquoi les cycles peuvent être différents d’un mois à l’autre.

Environnement familial et culturel

D’après les statistiques, 70% des femmes souffrent d’un SPM lorsque leurs mères en ont été elles-mêmes affectées. L’environnement social porte également une influence : l’éducation culturelle, religieuse et les expériences personnelles vécues peuvent renforcer le SPM. Il y a un lien certain mais très complexe entre les facteurs psychologiques, physiologiques et culturels. Il ne faut donc pas négliger tous les éléments reliés au milieu de vie, ils peuvent aussi faire partie de la problématique du SPM car ils sont vécus comme un stress quotidien et parfois depuis le début de la puberté.

Par exemple, chez certaines femmes, l’arrivée des règles est vécue comme quelque chose de douloureux : le sentiment que l’on impose quelque chose, des changements physiques, la féminité. Les règles peuvent être vécues comme un conflit souvent lié à l’identité de la femme, ce qu’elle représente dans la société, souvent un sentiment de honte et de culpabilité peuvent être ressentis. Ou encore, certaines femmes menstruées associent inconsciemment les règles avec d’autres évènements traumatisants vécues comme des violences physiques et sexuelles.

syndrome premenstruel

Il y autant de SPM que de femmes et autant de SPM que de solutions naturelles. Ce que j’aimerai que vous reteniez, c’est qu’il ne faut pas banaliser le SPM. Encore une fois, les symptômes sont là pour les écouter et les comprendre. « Le corps fait une maladie pour se guérir » disait Hippocrate. N’oubliez pas que votre SPM n’est pas là par hasard. Il peut parfois être l’expression de maux et de cicatrices plus profondes. Comprendre vote SPM, c’est un voyage à travers vous. De vous à vous… Un voyage intime pour mieux vous connaître.

N’hésitez pas à partager votre expérience avec le SPM en commentaire sous cet article !

 

Syndrome Prémenstruel – Les solutions naturelles – DR ARNAL Bérengère aux éditions Thierry Souccar
Mamamélis – Manuel de gynécologie naturopathique à l’usage des femmes – RINA Nissim aux éditions Mamamelis
La médecine des femmes – HEBERT Mona aux éditions Le Souffle d’Or
Sagesse et pouvoir du cycle féminin – PERES Marie Pénélope et LEBLANC Sarah-Maria aux éditions Le Souffle d’or
Le Grand Mystère des Règles – Parker Jack aux éditions Flammarion
Les joies d’en bas : Tout sur le sexe féminin – BROCHMANN Nina ET STOKEN DHAL Ellen aux éditions Actes Sud
Ceci est mon sang – THIEBAUT Élise aux éditions La découverte
Secrets de naturopathes – TETART Stéphane et Lopez Vanessa aux éditions Leducs
De la médecine naturelle à la médecine de l’individu – GUENIO Gérard aux éditions Amyris

Cet article a 11 commentaires

  1. Swanny

    Article clair et très enrichissant, il permet de comprendre et d’être rassuré quant à tous ces chamboulements hormonaux… merci Fatima et bravo !

  2. Naïma

    Merci Fatima pour cet article,souffrant de SPM depuis la fois que j’ai eu mes règles à 12ans ,j’ai 40ans et j’ai tjr autant mal et tjr handicapant.Jamais pris au sérieux par les gynécologues et banalisation la douleur soit disant comme ça faisait longtemps que je souffrais donc j’avais pris l’habitude.Face à leur discours je me suis faites à mes douleurs chaque mois en me dopant de médicaments pour pouvoir travailler et m’occuper de mes enfants.
    merci de mettre des mots sur nos maux pour que les générations à venir comprennent que c’est pas normal de souffrir.
    Merci encore pour ce travail .
    Naïma

    1. fatimakhemar

      Merci à toi ! Oui on banalise trop souvent ces douleurs !

  3. Majda

    Merci beaucoup pour cet article. J’ai beaucoup appris et je ressens un fort sentiment de deculpabilisation.

    1. fatimakhemar

      Merci !

  4. Fatima br

    Article très instructifs. Je comprend mieux le SPM. Pour ma part, depuis que j’ai changer de contraception (patch hormonal) je vis un véritable calvaire. J’ai des grosses migraines qui débutent des le retrait du patch jusqu’à deux jours avant de la remettre. Je ne sais pas comment me soigner. Je suis epuiser et fatiguer de ces migraines.

    1. fatimakhemar

      Bonjour, merci Fatima. Vous pouvez prendre RDV en naturopathie pour essayer de trouver des solutions.

  5. Imane

    Super intéressant. Je vis avec ça depuis la puberté. Des SPM des fois jusqu’à 15 jours avant les menstruations. Comment puis je faire pour savoir quelle est la cause? Sachant que j’ai déjà fait des analyses hormonales et rien d’anormal n’a été détecté.
    Merci bcp

    1. fatimakhemar

      Vous pouvez prendre rdv avec une naturopathe 😉

  6. Zouzou

    Article très intéressant ! Merci !

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